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Ecouter un extrait de l'interview de Franck Labeyrie sur RTL

Après avoir immergé des bouteilles de blanc au Banc d'Arguin, le viticulteur Franck Labeyrie s'apprête à faire vieillir du rouge et des spiritueux dans l'océan.

Le projet s'appelle « Vin mile lieu sous la mer ». Dans le rôle du capitaine Némo, Franck Labeyrie, 34 ans, viticulteur à Haux, Château du Coureau, dans le Créonnais. A bord d'un « Nautilius » affrété par la société Jifmar, il s'apprête à immerger du vin à plus de 1 000 mètres sous l'eau (1). Pour lui c'est une évidence : « La mer, c'est la meilleure cave au monde ».

Un postulat qu'il a déjà appliqué en 2009 avec son « Blanc des cabanes ». Associé à un jeune ostréiculteur de Gujan-Mestras, Nicolas Labarthe, il entrepose 8 000 bouteilles par an sur une concession du banc d'Arguin. Le vin y barbote pendant six mois entre 3 et 8 mètres de profondeur, selon les marées. Et il l'affirme : les dégustations comparatives entre bouteilles témoins conservées en cave traditionnelle et bouteilles immergées ont montré des différences organoleptiques « troublantes ». Avec ce nouveau projet, Franck Labeyrie passe à la vitesse supérieure.

Pour que les vins se reposent

« Là, on part sur une immersion de dix ans avec des vins de garde », explique-t-il. « Et je suis persuadé du bien-fondé de ma démarche. Je veux prouver que gustativement et analytiquement parlant la mer est le meilleur endroit pour conserver le vin. » Et l'homme d'évoquer le calme, la température constante, l'absence de vie microbienne, de lumière, d'oxygène et de vagues.

« Un endroit parfait pour que les vins se reposent, qu'ils soient tranquilles », poursuit-il en assumant pleinement l'humanisation qu'il prête à ses bouteilles. « Ce sera fabuleux », résume-t-il. De Jules Verne, au « Grand bleu » et à l'appel lancinant des profondeurs, il n'y a qu'un pas. Avec en prime, un clin d'œil au Titanic…

Les bouteilles du Titanic

« Je pars du principe que le Titanic a coulé à 4 000 mètres et que les bouteilles qui ont été remontées étaient intactes », explique le viticulteur qui début janvier va procéder à un premier test destiné essentiellement à s'assurer de la résistance des bouteilles et des bouchons à la pression des profondeurs. Pour se faire, il s'est associé à Jean-Michel Berud, un autre jeune rêveur, comme lui, qui en 2005 a créé sa société de services maritimes.

Comptant six navires et cinq robots sous-marins, Jifmar a notamment assuré la maintenance du terminal pétrolier de Port-La-Nouvelle pour le compte de Total, de celui de Frontignan pour le compte de BP et participé en février 2009 au renflouage des débris de l'airbus A320 au large de Cannet en Roussillon. Dans quelques semaines, Jifmar affrétera un bateau pour procéder à un premier essai au large de Bayonne.

« La fosse de Capbreton était plus proche », explique Franck Labeyrie en précisant qu'à terme les bouteilles seront immergées au large d'Arcachon, à quelque 150 kilomètres des côtes. Des bouteilles qui seront cirées et qui porteront, en guise d'étiquette, une plaque gravée en inox, du type de celles qu'arborent les soldats autour du cou.

Inspectées par un robot

Quant à la cave, elle prendra la forme de deux box métalliques posés à même le fond. Le premier est destiné à emmagasiner 600 bouteilles de rouge et de liquoreux produites par le château du Coureau. Le second à accueillir des bouteilles de partenaires. « Je veux trouver une maison de champagne, grande ou petite, ainsi qu'un producteur de rhum, de cognac et d'eau-de-vie qui entreposeront chacun une centaine de bouteilles », explique Franck Labeyrie.

« Un robot ira sur le site tous les ans afin de changer les batteries des box qui seront balisés, poursuit-il. Je pense que nous ferons des prélèvements tous les deux ans afin d'assurer des dégustations comparatives à Vin Expo. » Et l'homme de reconnaître que toute cette expédition tient vraiment du rêve. Jules Verne, James Cameron et Luc Besson ne sont vraiment pas loin…

(1) 1 mile = 1 609 mètres.


Sabine Menet, Sud Ouest.